Les protocoles des fous de Sion, par Lotfi Hadjiat

mur-lamentations


La femme est la merveilleuse expression d’une promesse impossible… même si l’expression n’est pas toujours merveilleuse… En tous cas pas aussi merveilleuse que la voix de Nathalie Dessay que j’écoutais un soir d’automne à la radio, dans l’Air d’Olympia, une prouesse vocale écrite par Offenbach. La voix céleste perçait les nuages gris de mon exil à faire s’effondrer de ravissement le plafond de ma soupente en décrépitude… quand un éclair déchira brusquement l’obscurité, suivi de près par des coups de tonnerre qui ébranlèrent les cieux. La musique se brouilla et la voix céleste grésilla, s’estompa dans une nuée de bruits parasites puis disparut alors qu’une mitraillade de pluie éclatait dans la rue. Ma radio s’affola, les fréquences interférèrent les unes dans les autres dans un brouhaha inextricable. Puis le chaos sonore s’atténua peu à peu et j’entendis soudain une voix d’homme assez distinctement :

« Camarades, nous sommes presque parvenus à nos fins. Le moment est sans doute venu de déclencher en Europe la guerre civile pour installer enfin un état martial, que nous avons commencé à expérimenter avec l’état d’urgence. Les armées occidentales sont dans nos mains. Leurs agences de renseignements aussi. Et nous contrôlons suffisamment les flux migratoires pour affaiblir encore ces nations déjà moribondes. Nos agents de subversion ont fait des merveilles, ces nations ne réagissent même plus à leur propre extinction ; nous irons jusqu’au bout de leur dissolution ethnique, raciale… nous sommes en train de réaliser l’exploit d’en faire les artisans de leur propre disparition. Nous avons assez détruit leur jeunesse pour que leur disparition soit irrémédiable. La pornographie galopante est notre plus belle réussite, avec le commerce de la drogue, la prostitution et l’industrie du divertissement abrutissant… Grâce au spectre de l’antisémitisme que nous avons entretenu et amplifié à un degré totalitaire, nos agents ont instauré une inquisition quasi-infaillible pour annihiler en Occident tout redressement religieux, spirituel, culturel, intellectuel ; notre inquisition est parvenue à enraciner dans leur cœur la certitude que toute aspiration noble à la vérité et à la justice n’est rien d’autre que du fascisme… Mais cependant, une partie d’entre eux résistent encore, et cette résistance va nous être utile pour parvenir à nos fins. Certains nationalistes à bout de nerfs, que nous suivons attentivement, sont tout près du passage à l’acte, mais avant de déclencher cette guerre civile, nous devons être absolument prêts, car si nous ne le sommes pas assez, elle peut se retourner contre nous. Cette guerre ne devra être qu’un moyen pour nous de pérenniser cette croisade mondiale contre le terrorisme que nous avons mise en œuvre, qui nous permettra de briser les dernières résistances à notre pouvoir total. Y compris et surtout les résistances des musulmans, que nous n’avons pas réussi à convertir complètement à notre système, malgré la subversion de l’islam par nos agents, malgré le fait de l’avoir réduit à un folklore commercial, malgré les attentats dits islamistes que nous produisons à notre guise… Nos agents ne travaillent pas seulement pour empêcher toute alliance islamo-chrétienne qui signerait notre défaite mais aussi et surtout pour creuser un fossé de haine infranchissable entre l’islam et le reste du monde. Nous nous employons à creuser ce fossé par tous les moyens, calomnie intellectuelle, mauvaise foi, et toutes les manipulations sémantiques possibles et imaginables. C’est par cette haine attisée par nos soins que les nationalistes occidentaux réagiront violemment, nous donnant ainsi l’occasion d’enclencher une guerre civile européenne qui nous débarrassera et de ces nationalistes, que nous combattrons par notre propagande antiraciste, et des résistances musulmanes à notre système, que nous combattrons par notre propagande anti-islam. Ce travail de haine achèvera notre édification d’un judéo-christianisme au dépens de l’islam, et du christianisme… Le terrorisme est notre arme finale pour achever notre plan, une arme qui fonctionnera à merveille lorsque nous aurons imposé partout la nécessité, l’évidence d’une coopération internationale sans restrictions des services de renseignement et d’information en matière de sécurité sous toute les latitudes, services dont nous prendrons le contrôle. Il reste bien-sûr le problème russo-asiatique… Nos agents continuent d’infiltrer cette région du monde pour la convertir définitivement à notre système. L’arme du terrorisme nous sera là encore très utile. Nous devons continuer à briser tous les obstacles au marché mondial libre pour en finir avec les aspirations politiques, nationales, religieuses… avec toute aspiration noble en général qui pourrait menacer la toute-puissance de la loi du marché, notre loi… Notre domination financière n’a jamais été aussi grande mais nous devons être vigilants concernant certains mouvements marginaux dangereux, pour nous, et veiller à ce qu’ils restent marginaux en particulier sur les réseaux Internet. Nous devons déployer une activité propre à les corrompre et à semer une confusion suffisante pour que ces dangers restent marginaux, sans les détruire pour autant, et donner ainsi l’illusion d’une vie démocratique que nul ne voudra sacrifier pour des utopies politiques, des aventures nationalistes ou religieuses. Nous devons par une propagande acharnée et subtile faire que cette illusion de vie démocratique soit le bien le plus précieux aux yeux des européens, et que cela soit à leurs yeux une évidence logique, comme deux et deux font quatre. Cette propagande devra passer non seulement par les médias mais aussi par l’université, et toutes les institutions politiques et sociales. Nous en finirons avec les nationalistes européens résiduels, en en faisant nos simples agents de sécurité, après les avoir convaincus que l’islam est le mal suprême et que notre système usuraire est le bien suprême ; ils seront nos agents de sécurité jusqu’à ce que nous imposions Sion comme capitale du monde, puis nous les éliminerons progressivement. Nous allons faire revivre notre si chère Babylone après tant de siècles, en lieu et place de Jérusalem, ce ne sera plus la ville trois fois sainte, ni même une fois… nous avons déjà la monnaie babylonienne, le shekel… La sainteté et la foi seront éradiquées de Jérusalem et de la planète pour le triomphe d’Israël, de Caïn… Les plus belles femmes circuleront à Jérusalem, les plus belles voitures, les hôtels les plus luxueux verront passer les plus belles prostituées, on viendra de loin pour s’en payer… le Mur des Lamentations deviendra le mur des réjouissances… la gloire de notre race s’imposera à tous… Nous nous débarrasserons naturellement le moment venu de tous ces Juifs orthodoxes qui s’opposent à nous. L’humanité nous servira de gré ou de force, elle fera tourner notre système usuraire comme le hamster dans sa roue… à la différence près que le hamster peut arrêter de courir dans sa roue, car rien ne devra arrêter l’exploitation radicale et la soumission humaine totale à notre pouvoir, exceptée la mort. Voilà messieurs, avant de vous laisser la parole, un dernier mot sur la reconstruction du temple à Jérusalem. Cette reconstruction ne pourra avoir lieu qu’après une guerre suffisamment destructrice dans la région, en s’assurant là encore d’être parfaitement prêts pour que cette guerre ne se retourne pas contre nous. Nous devons tout particulièrement consolider nos relations avec la Russie et la Chine pour nous assurer de leur soutien aux moments critiques. Le sacrifice de centaines de milliers de Juifs nous a été nécessaire pour émouvoir le monde et obtenir l’État d’Israël, il nous faudra en sacrifier beaucoup d’autres pour obtenir toute la Palestine… et régner sans partage dans la région et dans le monde ».

Puis, après quelques murmures, quelques toussotements et autres raclements de gorge, la fréquence se brouilla et replongea dans un brouhaha sonore. J’éteignis la radio, perplexe, un peu déboussolé, pressé d’en parler à quelqu’un. Cette voix ne paraissait pas celle d’un fou, mais je venais pourtant d’entendre les protocoles des fous de Sion…