Yana Grinshpun. Les juifs « contrariés » – Perditions idéologiques
27 février 2020 Tribune Juive Israël 4
De nombreux détracteurs de la politique israélienne (et cela quelle qu’elle soit : celle de Barak pas moins que celle de Netanyahou), des gens de gauche, des sionistes « pluriels et féconds » nous reprochent « l’indigénisme juif », l’outrecuidance, le manichéisme argumentatif, la droitisation, l’identitarisme, le racisme, le fascisme, la « musulmanophobie ».
Comme si être pro-israélien, impliquait forcément d’être tout cela. Force est de constater, que la plupart de ces réactions proviennent de gens qui mettent en avance leur judéité pour proclamer leur désaccord avec nos analyses.
Nos contradicteurs nous reprochent de ne pas faire preuve d’objectivité et de ne pas citer les travaux des gens qui « critiquent la politique du gouvernement d’Israël ». Il est curieux que nos lecteurs et critiques n’arrivent pas à comprendre que nous analysons les discours antisémites et leurs ressorts culturels, religieux, politiques et rhétoriques mais que nous ne prétendons pas faire de la politique. En écrivant ce billet de réaction à une avalanche de désapprobations, anathèmes, désaccords et leçons de morale, je me suis souvenue de la préface que Jacques Givet donné à son livre écrit en 1968 La gauche contre Israël ?
L’éditeur en chef de la maison d’édition avait annoncé que son essai ne pouvait être publié que comme un pendant d’un autre essai, pro-arabe. Givet avait alors rétorqué, qu’être pro-israélien ne revenait pas à être anti-arabe, que la gauche était en train de trahir sa raison d’être et que l’antisémitisme et l’antisionisme de la gauche traduisait un « néo-antisémitisme », qui étant le plus souvent inconscient, se couvrait toujours du masque de la bonne conscience.
La ‘’Lettre ouverte au président de la République’’ – signée par moi-même avec mes collègues : Roland Assaraf et Georges-Elia Sarfati- a provoqué l’ire de certains membres de la communauté universitaire qui ont exprimé leur « désaccord total »[1] avec l’analyse, certes, schématique des discours antijuifs, mais cela est inhérent au genre de la lettre ouverte. Il est curieux de voir qu’à chaque fois que nous analysons les discours politiques et médiatiques français qui portent en germe ou ouvertement l’intention de délégitimation d’Israël, à chaque fois que nous dénonçons les auteurs de ces discours, qui adoptent de surcroît le ton des donneurs de leçons- tels des curés s’adressant à leurs ouailles irrespectueux de la bonne parole- ces intellectuels nous reprochent d’appartenir à « la droite israélienne dure », de faire partie de « l’officine du Likoud ». Alors que pas une seule fois, nous ne nous sommes prononcés sur la politique d’Israël ou sur le Premier Ministre B. Netanyahou.
Nous avons parlé de mots, de leur manipulation, de leur désémantisation dans le discours médiatique français, nous avons analysé le dispositif discursif à l’œuvre dans des textes et des interviews, des tribunes et des pétitions, dans des émissions télévisées et radiophoniques, nous avons porté une attention particulière aux discours des meurtriers des Juifs et nous les avons comparés avec les discours médiatiques francophones. Il est étonnant que tant de gens instruits prennent des mots pour des choses et prétendent ignorer la portée du langage à l’œuvre dans la construction de l’idéologie, en dépit de leur grande culture philosophique et littéraire.
Le fait de contester le vocabulaire institué par les décennies de domination du dispositif anti-israélien qui a réussi à tisser une vision fausse des Juifs et d’Israël, cela provoque la colère. Il est assez cocasse de nous reprocher de ne pas prendre à notre compte les éléments de langage doxiques de l’AFP : « droit international », « colons », « occupation », « oppression ». Nous montrons que ces mots sont utilisés pour légitimer le meurtre des Juifs. Car ils ont un sens précis dans les textes analysés, ils ne se réfèrent pas à « la politique israélienne », mais à la présence juive, désignée comme illégale à Jérusalem et en Judée. Si les Juifs sont tués en France et en Israël, c’est parce qu’ils sont Juifs et que les Juifs n’ont rien à faire, là où ils sont.
C’est ce que disent M. Merah, A. Coulibali et les frères Kouachi (terroristes français), c’est ce que répète sans relâche le discours médiatique européen. Et ceux qui s’indignent contre le constat de l’influence de ces mots sur les comportements meurtriers, ne font rien d’autre que de valider ces discours.
Parmi d’autres indignations universalistes qui s’expriment dans des textes signés par des « intellectuels juifs » et que nous analysons, « la critique de l’Etat d’Israël » consiste à postuler que l’identité juive est « dangereuse pour la démocratie ». C’est ce qu’a dit un sociologue « cosmopolite », mais d’origine juive qui se met en scène quand cela l’arrange, Alain Policar.
De même, une tribune exprimant son désaccord avec la loi récemment votée en Israël sur l’autodétermination du peuple juif, explique aux lecteurs de Libé que le principe d’une majorité juive est pernicieux pour la préservation du caractère démocratique de l’Etat d’Israël (voir ici). On aboutit à des apories dont certains ne se rendent pas compte. Mais peu leur chaut, l’essentiel est d’afficher un ethos vertueux, moral, universaliste, anti-communautaire et donc anti-juif.
Naturellement, selon cette logique, lorsqu’on se pose comme universaliste, on ne peut pas approuver le caractère particulier d’un Etat. Bizarrement, il s’agit du seul Etat au monde, dont on n’approuve pas le caractère particulier et qu’on accuse d’identitarisme. Dès qu’il s’agit de considérer les autres Etats qui s’étalent à la surface de la Terre, l’universalisme de ces détracteurs se dissipe entièrement. Personne ne critique la Russie d’être russe ou la Turquie d’être turque ni l’Arménie d’être arménienne. Mais l’idée et le fait qu’Israël possède un caractère juif, et que cet Etat défende son caractère juif, cela constitue une atteinte à la démocratie, c’est du communautarisme à l’état pur, cela va sans dire !
Le paradoxe consiste pour les indignés à mettre en avant leur judéité pour mieux s’en dissocier. Je suis Juif, mais c’est pour dire que je critique le caractère juif de l’Etat d’Israël. Je suis Juif, mais un peu, en privé, pour raconter des blagues juives aux copains. Je suis Juif universaliste et humaniste, et c’est à ce titre que je critique « la politique du gouvernement d’Israël » (expression devenue figée tant elle est rabâchée et matraquée), et surtout je suis Juif pour mieux taper sur d’autres Juifs qui ne critiquent pas cette politique comme il se doit dans les milieux universalistes, humanistes et pacifistes.
Regardez, je suis comme vous, je critique « la politique d’Israël », j’adhère à la thèse de la « colonisation » (commune à l’AFP et au discours officiel, au discours du Hamas comme à celui d’un grand nombre de pays Arabes pour qui la « colonie » c’est tout le territoire de l’Etat d’Israël, sans exception). L’universalisme soucieux de tous les peuples sur Terre, sauf pour les Juifs ? L’universalisme qui reconnaît le nationalisme palestinien, russe, turc, iranien, égyptien, mais qui rejette en bloc celui des Juifs ? Au fond, lorsque des Juifs qui critiquent « la politique d’Israël » – authentique motif obsessionnel- se disent « universalistes » aujourd’hui, que veulent-ils dire ? Qu’ils ne sont pas Juifs, car ils font partie de l’humanité sans autre spécification. Et par là, ils ne font que contribuer à nourrir les stéréotypes anti-juifs : traîtrise, couardise, double allégeance, etc.
Les Juifs ont vaincu leurs ennemis au cours des guerres successives, mais vaincre des ennemis c’est faire du mal, c’est faire souffrir l’ennemi ! Danièle Sibony a finement analysé ce phénomène dans son Enigme antisémite. Avoir des ennemis, c’est suspect, cela prouve qu’on leur a fait du mal, on les a fait souffrir, sinon pourquoi seraient-ils des ennemis ? Dans le monde sans frontière, il n’y a que de l’amour universel pour le prochain, et si ce prochain ne vous aime pas, tant pis pour lui ! C’est la logique paulinienne qui est toujours à l’œuvre dans la posture morale de ces gens. Quand Alain Policar défend le cosmopolitisme et en fait un objectif social (voir : Comment peut-on être cosmopolite ?), il se place dans cette logique-là.
Toute différence est perçue comme « communautarisme et identitarisme » sans voir que la religion de l’universalisme cosmopolite n’est rien d’autre qu’un autre type d’identité. L’identité flottante, floue, « fluide », comme il est de coutume de dire chez les post-modernistes- progressistes. Et ce qui caractérise cette position, c’est l’intolérance à toute autre identité que la leur. Evidemment, les Juifs représentent une résistance à cet idéal. Tout Juif est suspect de s’opposer à l’idéal par le fait qu’il est Juif. Ces Juifs cosmopolites, universalistes, républicains qui se voient dans la place que leur accorde Stanislas de Clermont-Tonnerre (« Il faut refuser tout aux juifs comme nation et tout accorder comme individus ») sont excédés par l’existence de ceux parmi les Juifs qui mettent en cause l’idée « d’universel » sans préconiser aucune identité particulière.
Et pourquoi faut-il que tous les suivent ? Pourquoi faut-il s’adopter les postures morales des faux dévots comme celle d’Edgar Morin, ou de ses clones d’une moindre envergure, mais dont la posture n’est pas moins absurde, ni abjecte quand on pense aux implications pratiques de leur idéologie. Leurs slogans simplistes sont nourris par la propagande islamo-gauchiste et sont fondés sur l’ignorance de la réalité et sur la croyance aux idéaux : « Les Juifs qui furent victimes de l’ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les Juifs victimes de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité. Les Juifs bouc-émissaires de tous les mots bouc-émissarisent Arafat et l’Autorité Palestinienne »[2].
Après tout, rien d’étonnant, Morin étant un Juif non Juif, mais « un petit juif » de Leila Shahid quand-même, ce dont il s’enorgueillit (voir P. A. Taguieff (2018 : 73)
« Dans son livre d’entretiens avec Tariq Ramadan, Au péril des idées, publié en 2015, Edgar Morin raconte qu’il s’était lié avec Leïla Shahid, ancienne délégué de l’Autorité palestinienne en France, laquelle avait l’habitude de dire à propos de lui-même, de Stéphane Hessel et de quelques autres personnalités juives qui manifestaient pour la Palestine : « Je mets mes petits Juifs en tête du cortège » » ( Leïla Shahid, citée par Edgar Morin, in Edgar Morin & Tariq Ramadan, Au péril des idées. Les grandes questions de notre temps, entretiens avec Claude-Henry du Bord, Paris, Presses du Châtelet, 2014, p. 185.)
Tous ne vont pas jusqu’au masochisme de jouir de l’humiliation publique comme le fait Morin, cela va sans dire. Mais quand-même, qu’y a-t-il sur le fond, dans ce phénomène d’embarras typiquement juif, dans ces déclarations empressées sur la place publique : nous ne sommes pas comme vous (alors que nous n’avons rien demandé à personne en faisant nos analyses) ? Pourquoi sont-ils si gênés, si agacés, si inquiets, si acharnés à crier leur universalisme –ou, selon les circonstances : leur cosmopolitisme ou leur antiracisme, ou je ne sais quoi d’autre sur tous les réseaux, listes, associations, etc. ?
Pourquoi, lorsque l’on montre les ressorts du discours anti-Israélien généralisé, nous taxent-ils d’indigènes, de communautaristes ou de sectateurs de l’extrême droite. Et si un non-Juif défendait Israël, serait-il communautariste aussi ? Pierre-André Taguieff l’est-il ? Guy Millière l’est-il ? Menahem Macina aussi ? Vraiment ? Et que faire avec ces goyim qui défendent Israël ? Seraient-ils eux-aussi, des envoyés de l’officine du Likoud ? Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Et quand on veut noyer son conformisme, on dit que l’autre est fasciste. Les intellectuels juifs de gauche cherchent à fournir une caution à la gauche socialiste en adoptant le discours anti-Israélien, sa phraséologie qui explique le monde. Les mots qu’ils prennent à leur compte : « colonies », « occupation », « discriminations », sont aussi les mots qui conditionnent leur pensée, ces mots relèvent au sens fort du révisionnisme historique.
Tout se passe comme si en pointant le double discours politique et médiatique qui d’une part condamne l’antisémitisme, et de l’autre ouvre grandes les portes aux pogroms à venir, on privait ces juifs de leur identité de « citoyens » républicains. Ils reconnaissent bien sûr, que les Juifs sont la cible de l’antisémitisme, ils disent combattre l’antisémitisme, mais lorsqu’il s’agit de défendre le droit d’Israël à se défendre, ou son droit à dénoncer le double standard systématiquement adopté à son égard, son droit à montrer que derrière les déclarations d’amitié se cache le cynisme le plus absolu, ils ne sont plus Juifs mais « citoyens » compréhensifs de cette politique.
Ils se battent avec les mouvements décoloniaux, avec le PIR, parce qu’ils ont peur – peur absolument légitime, et que nous partageons- que ces mouvements mettent à l’œuvre des moyens « anti-coloniaux » : attentats suicides, voitures béliers, égorgements sur la place publique (nous ne rappelons que ceux qui se sont déjà passés en France et ceux qui se passent en Israël tous les jours). Car pour les « décoloniaux », les citoyens français ou européens sont des « colonisateurs ». Alors, ces Juifs sont les premiers à combattre ces idéologies dangereuses.
En revanche, lorsqu’il s’agit d’Israël, leur position est toute autre, ils condamnent les ripostes de l’Etat Hébreu (toujours qualifiées de « disproportionnés », selon une terminologie éculée), ils condamnent la « colonisation », « l’occupation » et se font bien voir par tous les gens « bien »: « antiracistes », « humanistes », « pacifistes », etc.
« Le problème n’est pas l’antisémitisme »
Dès qu’il est question des discours sur Israël, la communion des condamnations forme un bel unisson. L’argument de base est le suivant: le problème n’est pas l’antisémitisme inhérent à la cause palestinienne. (Le meurtre des Juifs en France pour venger « les frères palestiniens », comme l’ont expliqué Merah et Coulibali, ne sont que les points de détail, qui n’ont rien à voir avec le vrai problème).
L’idéologie de Haj Amin al Husseini toujours vivante, le négationnisme d’Abbas et la haine féroce du Hamas : tout cela n’est pas un vrai problème. Le problème, selon les Juifs « citoyens » universalistes, qui tiennent les mêmes discours que les ennemis jurés d’Israël, est que « les Juifs sont venus occuper la terre qui n’est pas la leur ». Cela ne se fait pas. Ce n’est pas bien. C’est contraire à la loi. Le problème, selon eux, n’est pas que ce sont les Juifs qui ont envahi la Palestine, mais que n’importe qui d’autre à leur place (Lapons, Malgaches ou Esquimaux) ne trouverait pas grâce aux yeux des Palestiniens envahis.
Les Juifs sont donc « perçus » par les Arabes comme les occupants pour des raisons anthropologiques compréhensibles. Cet argument fait fi de l’histoire de la Judée, appelée Palestine depuis les temps d’Hadrien, de l’histoire du mouvement sioniste et ses rapports financiers avec l’Empire Ottoman, il fait fi du fait que le sionisme n’a rien conquis par la force, mais a progressé dans la légalité (par une politique de rachat des terres dont les différents empires les avaient spoliés), ils feignent de méconnaître quelles circonstances historiques ont présidé à l’établissement du nouveau Yishouv :
« Le nom de Judée pendant des siècles a seulement gardé tout son sens pour les seuls Juifs, exclus de l’histoire. L’histoire de cette exclusion se confond avec celle des substitutions théologiques, mais aussi avec la transmission devenue mécanique de la terminologie savante, une fois la Judée …rayée de la carte, par l’Empire Romain, et après ce dernier, par tous les empires qui se sont accaparé son sol, sa population et ses symboles. Le changement de toponyme fut la première substitution. D’autres ont suivi : terre sainte, Dar al islam, Royaume de Jérusalem, Royaumes croisés, région de la Grande Syrie, Palestine mandataire. La Palestine est un palimpseste, sa texture originaire se trouve sous tous ces recouvrements, sous lesquels se retrouve le nom de la Judée. » (G.-E. Sarfati, G.E. 2020)
Les Juifs universalistes/sionistes de gauche font l’impasse sur l’histoire ou la nient, au même titre que les ennemis d’Israël, qui, pour faire accepter leur projet génocidaire, nient tout lien historique entre les Juifs et la Terre d’Israël, et font »comme si », cette histoire n’existait pas. L’histoire commence pour eux, comme pour les détracteurs d’Israël, après 1967. Cette attitude justifie, peut-être inconsciemment, le négationnisme de la gauche. Il y a un lien entre ce négationnisme là et le prétendu universalisme. Une blague juive illustre très bien cette tendance :
A l’ONU, les Arabes et les Juifs se plaignent auprès du Conseil sur les questions de Sécurité. Un juif raconte que le roi Solomon est allé se baigner un jour, et qu’en sortant de l’eau, il n’a pas trouvé ses vêtements, sans doute avaient-ils été volés par des Arabes. Un Arabe rétorque : c’est faux, nous n’existions pas encore à cette époque-là. Le Juif répond : ‘’Voilà un bon début’’… »
L’argument des Juifs qui ne sont pas chez eux en Judée est en accord avec la théologie chrétienne, qui a interdit cette terre aux juifs en expliquant qu’ils étaient maudits et expulsés de leur terre en signe de punition divine. Le lecteur pourra se reporter à ce propos à l’étude classique de Jules Isaac : L’enseignement du mépris. Ce discours, recyclé par l’universalisme républicain post-national, a conditionné les esprits au point qu’ils ne se rendent plus compte de sa filiation idéologique.
Et puisque nos détracteurs veulent absolument parler de la politique, parlons-en.
D’aucuns nous expliquent que leur sionisme est celui d’Amos Oz, « fécond et pluraliste ». Ils sont pour ‘’la solution de deux Etats’’. Voir Amos : Oz Aidez-nous à divorcer ! Israël Palestine, deux états maintenant. Etant donné tout ce que nous connaissons des événements sur le terrain, sur les discours des dirigeants palestiniens, adressées aux Arabes et à l’Europe quelle que soit la fraction à laquelle ils appartiennent ( qu’il s’agisse de Mahmoud Abbas, du Hamas, du Fatah, du Jihad islamique), sur le désastre des accords d’Oslo, sur l’échec de Camp David, sur les Intifada successives et sur le rôle des discours européens ainsi que l’argent européen distribué aux ONG anti-israéliens, nous avons envie de rappeler quelques faits à ces adeptes des discours lénifiants :
Divorce
Lors d’un divorce, les deux parties ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, chaque côté est reconnu par l’autre. Et les parties divorcées restent éloignées l’une de l’autre. Il ne faut pas que l’un de ces Etat soit obsédé par l’annihilation de l’autre, par sa destruction et par l’expulsion de ses citoyens. Très officiellement, le but de l’Autonomie palestinienne, du Fatah, du Hamas est de libérer « la Palestine de toute présence juive ». Depuis Oslo, cette politique est très conséquente.
Ce n’est pas un Etat que les dirigeants arabes veulent à côté de l’Etat d’Israël, c’est un Etat arabe supplémentaire A LA PLACE d’Israël. Contrairement à une fausse information, qui passe pour vérité historique depuis un quart de siècle, la charte de l’OLP n’a pas aboli tous les articles qui appelaient au jihad total contre Israël, elle a maintenu l’appel à la ‘’lutte armée’’, et à ‘’la guerre de libération’’ (G.-E. Sarfati, La charte de l’OLP en instance d’abrogation, Mots/Les langages du politique, n°50, 1997)
Les salaires que Mahmoud Abbas continue de verser aux meurtriers des Juifs en les appelant « martyrs », les manuels palestiniens qui éduquent à la haine des Juifs, les émissions de télévision quotidiennes adressées aux enfants palestiniens éduqués à devenir des ‘’martyrs’’, les camps d’entraînement pour jeunes gens, dirigés par les membres du Fatah, et par le Hamas ne sont pas vraiment des signes de volonté d’un divorce paisible.
Judée Juderein ?
Deuxième point qui semble ne pas être remarqué par les universalistes sionistes – et tenants de la paix à n’importe quel prix- sont les conditions d’établissement de ces deux Etats. La Palestine est conçue comme un Etat qui s’accaparera la Judée et la Samarie au prix du départ des Juifs de ces terres. L’Etat Palestinien acclamé par les pacifistes doit être Jüdenrein, et Jérusalem en sera la capitale. Mahmoud Abbas, en refusant toute légitimité à l’Etat d’Israël, en l’accusant de « purification ethnique », parle de Jérusalem, capitale éternelle de la seule Palestine (voir ici) ; il explique que dans le nouvel Etat Palestinien, il n’y aura pas un seul juif. Ce sont les termes mêmes de sa déclaration au Caire, en juillet 2013: “In a final resolution, we would not see the presence of a single Israeli – civilian or soldier – on our lands.” (http://www.foxnews.com/opinion/2016/09/14/all-jews-out-palestine-is-not-peace-plan.html) (Dans la résolution finale, nous ne verrions aucune présence israélienne dans nos terres).
Le Hamas, pour sa part, n’a aucune intention de changer sa charte antisémite et antisioniste, ni sa stratégie de combat visant à l’extermination des Juifs. Les journalistes d’al Jazeera semblent être mieux informés ou plus honnêtes à ce propos que les journalistes français inspirés par les dépêches de l’AFP. (Voir ici). Quant à la gauche inlassablement inspirée par Amos Oz, elle prétend ignorer ces discours ou ne saisit pas le rapport entre leurs sens et ce à quoi ils font concrètement référence. Certains Juifs de gauche prétendent que ce sont des énoncés autonymiques qui ne renvoient qu’à eux-mêmes, qu’ils ne portent pas sur le monde et qu’on ne doit pas les prendre au sérieux.
Lorsque Fathi Hamad, le dirigeant du Hamas appelle ses ouailles à « tuer les Juifs » partout dans le monde (voir ici), il sait que ces meurtres seront impunis : en Europe, il suffira de fumer du cannabis, pour être déresponsabilisé et en Israël, cela incitera des gens de Shalom Ahshav à faire plus de sacrifices pour obtenir la paix. Plus la terreur augmente, plus se multiplient les concessions destinées à l’arrêter : C’est ce que nous avons vu depuis Oslo. Le plus fou c’est que les Juifs de gauche entretiennent et cautionnent ce scenario.
Quand des Juifs soutiennent l’idée de purification ethnique
Il s’ensuit que les Juifs pacifistes (de Shalom Ahshav, de JCall et JStreet) soutiennent l’idée de la purification ethnique de la Judée et de la Samarie, qu’ils soutiennent l’idée de l’expulsion de leurs terres de leurs habitants juifs, et la création d’un espace d’où ils seront les seuls exclus. En gros, ils prônent l’auto-excommunication du chœur des nations. Ils rejouent au fond, par ce genre de propositions, la vieille idéologie antijuive chrétienne qui s’allie aujourd’hui encore chez certains avec l’idéologie islamiste.
Après tout, au nom de la paix, et de leur culpabilité (par exemple, les condamnations des ripostes toujours ‘’disproportionnées’’ d’Israël), ils sont prêts à aller à l’abattoir pour se sacrifier, pour purifier leur identité malheureuse et pour sacrifier ceux parmi les Juifs qui n’ont rien demandé de tel. Cela serait cocasse, si ce n’était pas tragique de voir que ceux dont certains intellectuels veulent tellement « divorcer », viennent jusqu’aux maisons juives pour les tuer. Pour rappeler les meurtres les plus connus : la famille Fogiel en 2011, la famille de « colons », comme annonçaient tous les médias français sans exception (nous avons un corpus médiatique exhaustif), même « le bébé-colon » n’a pas été épargné ni par les tueurs ni par les médias, Hallel Ariel, une adolescente de 13 ans tuée dans son sommeil, Dafna Meir a été tuée en protégeant ses enfants, etc.
Les sommes payées aux familles de tueurs par Mahmoud Abbas ne peuvent qu’inciter les gens à aider leurs familles tout en se faisant passer par « martyr » (voir ici et ici ). Les terroristes qui restent en vie après leurs actes et qui vont en prison, continuent de bénéficier d’un salaire. Un milliard de shekels (250 millions d’euros) est la somme annuelle que l’Autonomie Palestinienne verse aux terroristes. Le meurtre des Juifs est un commerce bien réglé par l’Autonomie Palestinienne.
Parce que ce commerce s’inscrit dans l’autodétermination de ce futur Etat Jüdenrein dont rêvent les pacifistes : l’extermination des Juifs. Si on poussait la logique des concessions jusqu’au bout, les Juifs devraient partir de Tel-Aviv et de Jaffa, qui sont des villes également revendiqués par des arabes-palestiniens. Voir par exemple cette émission pour enfants de la télévision palestinienne (ici).
Toute cette discussion montrent que l’idéologie qui sous-tend ‘’la solution à deux Etats’’, au prix de toutes les concessions, est à la fois suicidaire et génocidaire.
Bibliographie
Givet, J., La gauche contre Israël ? , Editions J.J. Pauvert, 1968.
Morin, E. Sallenave; D. , Naïr, S, tribune dans Le Monde « Israël. Palestine : le cancer », 4 Juin 2002.
Oz, A. (2004), Aidez–nous à divorcer. Israël Palestine. Deux états maintenant. Paris, Gallimard.
Policar, A., Comment peut-on être cosmopolite ? Paris : Le bord de l’eau, 2018.
Sarfati, G. –E., Comprendre le sionisme. Panorama historique et politique, Paris, Les Etudes du Crif, n°58, 2020.
Sarfati, G.E., « La charte de l’OLP en instance d’abrogation », Mots/Les langages du politique, n°50, 1997.
Sibony, D , L’énigme antisémite, Paris, Le Seuil, 2004.
Taguieff, P.A., La judéophobie. Nouvelle vague. Paris, Fayard, 2018.
Lien URL à consulter
https://www.liberation.fr/debats/2018/10/16/pour-l-egalite-de-tous-les-citoyens-en-israel_1685513
http://www.foxnews.com/opinion/2016/09/14/all-jews-out-palestine-is-not-peace-plan.html
https://fr.timesofisrael.com/abbas-promet-de-payer-les-terroristes-jusquaux-derniers-centimes-de-lap/
https://www.memri.org/tv/pa-tv-children%E2%80%99s-show-tel-aviv-one-day-we-will-regain-jaffa-haifa-acre-and-nazareth
[1] Les expressions en italique sont celles utilisées par les indignés.
[2] Morin, E. Sallenave, D., Naïr, S . 2002, T
Yana Grinshpun
Linguiste et analyste du discours, Yana Grinshpun s’intéresse aux stratégies argumentatives à l’œuvre dans les discours militants et les discours de victimisation fondés sur la mise en œuvre de la doxa. Elle est membre du RRA, réseau français de recherche sur l’antisémitisme et sur le racisme.
Dacă nu vă descurcaţi cu româna, încercaţi în engleză(google mai ştie şi alte limbi, eu nu):
Many detractors of Israeli politics (and that whatever it is: that of Barak no less than that of Netanyahu), leftists, Zionists „plural and fruitful” blame us for „Jewish indigenism”, the overkill, argumentative manichaeism, rightization, identitarianism, racism, fascism, „Muslimophobia”.
As if being pro-Israel necessarily meant being all of that. It is clear that most of these reactions come from people who put their Jewishness ahead to proclaim their disagreement with our analyzes.
Our opponents criticize us for not being objective and for not quoting the works of people who „criticize the policies of the government of Israel”. It is curious that our readers and critics fail to understand that we are analyzing anti-Semitic discourses and their cultural, religious, political and rhetorical sources but that we are not pretending to be involved in politics. In writing this post of reaction to an avalanche of disapprovals, anathemas, disagreements and moral lessons, I remembered the preface that Jacques Givet gave to his book written in 1968 The Left Against Israel?
The editor-in-chief had announced that his essay could only be published as a counterpart to another, pro-Arab essay. Givet then replied, that being pro-Israeli does not amount to being anti-Arab, that the left was betraying its raison d’être and that anti-Semitism and anti-Zionism of the left reflected a „neo anti-Semitism ”, which more often than not being unconscious, always covered itself with the mask of good conscience.
The „Open Letter to the President of the Republic” – signed by myself with my colleagues: Roland Assaraf and Georges-Elia Sarfati – provoked the ire of certain members of the university community who expressed their „total disagreement” [1] with the analysis, admittedly, schematic of anti-Jewish speeches, but this is inherent in the genre of the open letter. It is curious to see that each time that we analyze the French political and media discourses which carry in germ or openly the intention of delegitimization of Israel, each time that we denounce the authors of these discourses, which moreover adopt the tone of the donors of lessons – such as priests addressing their flock disrespectful of good speech – these intellectuals accuse us of belonging to „the hard Israeli right”, of being part of „the pharmacy of the Likud”. While not once have we spoken out on Israeli politics or Prime Minister B. Netanyahu.
We talked about words, their manipulation, their demantization in the French media discourse, we analyzed the discursive device at work in texts and interviews, forums and petitions, in television and radio programs, we we paid particular attention to the speeches of the murderers of the Jews and we compared them with the French-speaking media speeches. It is astonishing that so many educated people take words for things and pretend to ignore the scope of language at work in the construction of ideology, despite their great philosophical and literary culture.
Challenging the vocabulary instituted by the decades of domination of the anti-Israel apparatus which has succeeded in weaving a false vision of the Jews and Israel, this provokes anger. It is pretty funny to blame us for not taking on board the AFP’s doxic language: „international law”, „settlers”, „occupation”, „oppression”. We show that these words are used to legitimize the murder of the Jews. Because they have a precise meaning in the texts analyzed, they do not refer to „Israeli policy”, but to the Jewish presence, designated as illegal in Jerusalem and in Judea. If the Jews are killed in France and in Israel, it is because they are Jews and that the Jews have nothing to do, where they are.
This is what M. Merah, A. Coulibali and the Kouachi brothers (French terrorists) say, this is what European media discourse repeats relentlessly. And those who are indignant against the observation of the influence of these words on murderous behavior, do nothing but validate these speeches.
Among other universalist indignation which is expressed in texts signed by „Jewish intellectuals” and which we analyze, „the criticism of the State of Israel” consists in postulating that the Jewish identity is „dangerous for democracy „. This is what a „cosmopolitan” sociologist, but of Jewish origin, who puts himself on the scene when it suits him, Alain Policar.
Likewise, a platform expressing its disagreement with the law recently passed in Israel on the self-determination of the Jewish people, explains to the readers of Libé that the principle of a Jewish majority is pernicious for the preservation of the democratic character of the State of Israel (see here). We end up with aporias some of which are not aware. But little about them, the main thing is to display a virtuous, moral, universalist, anti-community and therefore anti-Jewish ethos.
Naturally, according to this logic, when one poses as a universalist, one cannot approve of the particular character of a state. Oddly enough, it is the only state in the world, whose particular character is not approved and which is accused of identity crime. When it comes to considering the other states that spread over the surface of the Earth, the universalism of these detractors is completely dissipated. No one criticizes Russia for being Russian or Turkey for being Turkish or Armenia for being Armenian. But the idea and the fact that Israel has a Jewish character, and that this state defends its Jewish character, that constitutes an attack on democracy, it is pure communitarianism, needless to say!
The paradox is for the indignant to put forward their Jewishness in order to better dissociate themselves from it. I am a Jew, but that is to say that I criticize the Jewish character of the State of Israel. I am Jewish, but a little, in private, to tell Jewish jokes to friends. I am a universalist and humanist Jew, and it is for this reason that I criticize „the policy of the government of Israel” (expression become frozen as it is harassed and clubbed), and above all I am a Jew to better type on others Jews who do not criticize this policy as it should be in universalist, humanist and pacifist circles.
Look, I am like you, I criticize „the politics of Israel”, I adhere to the thesis of „colonization” (common to AFP and the official speech, the speech of Hamas as that of a great number of Arab countries for which the „colony” is the entire territory of the State of Israel, without exception). Universalism concerned with all peoples on Earth, except for the Jews? Universalism which recognizes Palestinian, Russian, Turkish, Iranian, Egyptian nationalism, but which rejects that of the Jews? Basically, when Jews who criticize „the politics of Israel” – an authentic obsessional motive – call themselves „universalists” today, what do they mean? They are not Jews because they are part of humanity without further specification. And by that, they only contribute to nurturing anti-Jewish stereotypes: treachery, cowardice, double allegiance, etc.
The Jews defeated their enemies in successive wars, but to defeat enemies is to do harm, it is to make the enemy suffer! Danièle Sibony has finely analyzed this phenomenon in her Antisemitic Enigma. Having enemies is suspicious, it proves that we have hurt them, we made them suffer, otherwise why would they be enemies? In the borderless world, there is only universal love for the neighbor, and if this neighbor does not love you, too bad for him! Pauline logic is still at work in the moral posture of these people. When Alain Policar defends cosmopolitanism and makes it a social objective (see: How can we be cosmopolitan?), He places himself in this logic.
Any difference is perceived as „communitarianism and identitarianism” without seeing that the religion of cosmopolitan universalism is nothing other than another type of identity. The floating, fuzzy, „fluid” identity, as it is customary to say among post-modernists-progressives. And what characterizes this position is intolerance of any identity other than their own. Obviously, the Jews represent a resistance to this ideal. Any Jew is suspected of opposing the ideal by the fact that he is a Jew. These cosmopolitan, universalist, republican Jews who see themselves in the place accorded to them by Stanislas de Clermont-Tonnerre („We must refuse everything to Jews as a nation and grant everything as individuals”) are exasperated by the existence of those among the Jews who question the idea of „universal” without advocating any particular identity.
And why must all follow them? Why must we adopt the moral postures of false devotees like that of Edgar Morin, or his clones of lesser scale, but whose posture is no less absurd, or abject when we think of the practical implications of their ideology. Their simplistic slogans are fueled by Islamist-leftist propaganda and are based on ignorance of reality and belief in ideals: „The Jews who were victims of the ruthless order impose their ruthless order on the Palestinians. Jewish victims of inhumanity show terrible inhumanity. The scapegoat Jews of all the words scapegoat Arafat and the Palestinian Authority. „[2]
No wonder, after all, Morin being a non-Jewish Jew, but „a little Jew” by Leila Shahid anyway, which he prides himself on (see P. A. Taguieff (2018: 73)
“In his book of interviews with Tariq Ramadan, At the Peril of Ideas, published in 2015, Edgar Morin says that he had bonded with Leïla Shahid, former delegate of the Palestinian Authority in France, who used to to say about himself, Stéphane Hessel and some other Jewish personalities who were demonstrating for Palestine: „I put my little Jews at the head of the procession” „(Leïla Shahid, quoted by Edgar Morin, in Edgar Morin & Tariq Ramadan , Peril of Ideas: The Big Questions of Our Time, Interviews with Claude-Henry du Bord, Paris, Presses du Châtelet, 2014, p. 185.)
Not everyone goes as far as masochism to enjoy public humiliation as Morin does, needless to say. But still, what is the substance, in this phenomenon of typically Jewish embarrassment, in these hasty statements in the public square: we are not like you (when we did not ask for anything anyone by doing our analyzes)? Why are they so embarrassed, so annoyed, so worried, so bent on shouting their universalism – or, depending on the circumstances: their cosmopolitanism or their anti-racism, or whatever else on all networks, lists, associations, etc. . ?
Why, when we show the springs of the generalized anti-Israeli discourse, do they tax us with natives, communitarians or sectarians of the extreme right. And if a non-Jew defended Israel, would he also be communitarian? Pierre-André Taguieff is it? Is Guy Millière? Menahem Macina too? Really ? And what to do with these goyim who defend Israel? Would they also be envoys from the Likud dispensary? When you want to drown your dog, you say they have rabies. And when you want to drown your conformism, you say that the other is fascist. Left-wing Jewish intellectuals seek to provide a bond to the socialist left by adopting the anti-Israeli discourse, its phraseology which explains the world. The words they take on their own: „colonies”, „occupation”, „discriminations”, are also the words which condition their thinking, these words come under the strong sense of historical revisionism.
It is as if pointing to the double political and media discourse which on the one hand condemns anti-Semitism, and on the other opens wide the doors to the pogroms to come, one deprived these Jews of their identity of republican „citizens”. They recognize of course, that Jews are the target of anti-Semitism, they say they fight anti-Semitism, but when it comes to defending Israel’s right to defend itself, or its right to denounce the double standard systematically adopted in his regard, his right to show that behind the declarations of friendship hides the most absolute cynicism, they are no longer Jews but „citizens” understanding of this policy.
They are fighting with the decolonial movements, with the PIR, because they are afraid – an absolutely legitimate fear, and that we share – that these movements are using „anti-colonial” means: suicide attacks, ram cars, butcheries in the public square (we only remember those that have already happened in France and those that happen in Israel every day). Because for the „decolonials”, French or European citizens are „colonizers”. So these Jews are the first to fight these dangerous ideologies.
On the other hand, when it comes to Israel, their position is quite different, they condemn the responses of the Hebrew State (always qualified as „disproportionate”, according to old terminology), they condemn „colonization”, ” occupation ”and make themselves seen by all“ good ”people:“ anti-racists ”,“ humanists ”,“ pacifists ”, etc.
„The problem is not anti-Semitism”
When it comes to speeches about Israel, the communion of condemnations forms a beautiful unison. The basic argument is this: the problem is not the anti-Semitism inherent in the Palestinian cause. (The murder of the Jews in France to avenge „the Palestinian brothers”, as Merah and Coulibali explained, are just the details, which have nothing to do with the real problem).
The ideology of Haj Amin al Husseini still alive, the negationism of Abbas and the fierce hatred of Hamas: all this is not a real problem. The problem, according to the universalist „citizen” Jews, who speak the same words as the sworn enemies of Israel, is that „the Jews came to occupy the land which is not theirs”. That one is not to be done. It’s not good. It is against the law. The problem, they argue, is not that it was the Jews who invaded Palestine, but that anyone else in their place (Lapps, Malagasy or Eskimos) would not find favor in the eyes of the invaded Palestinians.
The Jews are therefore „perceived” by the Arabs as the occupiers for understandable anthropological reasons. This argument ignores the history of Judea, called Palestine since Hadrian’s time, the history of the Zionist movement and its financial relations with the Ottoman Empire, it ignores the fact that Zionism has nothing conquered by force, but progressed in legality (by a policy of repurchase of the lands from which the different empires had robbed them), they pretend to ignore what historical circumstances presided over the establishment of the new Yishouv:
„The name Judea for centuries has only retained its meaning for the only Jews, excluded from history. The history of this exclusion merges with that of theological substitutions, but also with the transmission, which has become mechanical of learned terminology, once Judea… wiped off the map, by the Roman Empire, and after the latter, by all empires that have taken over its soil, its people and its symbols. The change of toponym was the first substitution. Others followed: the Holy Land, Dar al Islam, Kingdom of Jerusalem, Crusader kingdoms, Greater Syria region, Mandatory Palestine. Palestine is a palimpsest, its original texture is found under all these coverings, under which is found the name of Judea. „(G.-E. Sarfati, G.E. 2020)
Leftist Universalist / Zionist Jews ignore or deny history, as do the enemies of Israel, who, in order to gain acceptance for their genocidal project, deny any historical link between the Jews and the Land of Israel, and make „as if”, this story did not exist. The story begins for them, as for the detractors of Israel, after 1967. This attitude justifies, perhaps unconsciously, the negationism of the left. There is a link between this negationism there and the so-called universalism. A Jewish joke illustrates this trend very well:
At the UN, Arabs and Jews complain to the Council over security issues. A Jew says that King Solomon went to swim one day, and that when he got out of the water, he did not find his clothes, they were probably stolen by Arabs. An Arab retorts: it is false, we did not exist yet at that time. The Jew replied: „This is a good start” … ”
The argument of Jews who are not at home in Judea is in agreement with Christian theology, which prohibited the land from the Jews by explaining that they were cursed and expelled from their land as a sign of divine punishment. The reader can refer in this regard to the classic study by Jules Isaac: The teaching of contempt. This discourse, recycled by post-national republican universalism, has conditioned people’s minds to the point where they no longer realize its ideological lineage.
And since our detractors absolutely want to talk about politics, let’s talk about it.
Some explain to us that their Zionism is that of Amos Oz, „fruitful and pluralist”. They are for „the two-state solution”. See Amos: Oz Help us divorce! Israel Palestine, two states now. Given all that we know of events on the ground, on the speeches of the Palestinian leaders, addressed to the Arabs and to Europe whatever the fraction to which they belong (be it Mahmoud Abbas, Hamas , Fatah, Islamic Jihad), on the disaster of the Oslo Accords, on the failure of Camp David, on the successive Intifada and on the role of European speeches as well as the European money distributed to anti-Israeli NGOs, we want to remind a few facts to these followers of soothing speeches:
Divorced
In a divorce, both parties have the same rights and the same duties, each side is recognized by the other. And the divorced parties stay far apart from each other. One of these states must not be obsessed with the annihilation of the other, its destruction and the expulsion of its citizens. Very officially, the goal of Palestinian autonomy, of Fatah, of Hamas is to liberate „Palestine from all Jewish presence”. Since Oslo, this policy has been very consistent.
This is not a state that Arab leaders want alongside the State of Israel, it is an additional Arab state IN PLACE of Israel. Contrary to false information, which has passed for historical truth for a quarter of a century, the PLO charter did not abolish all the articles which called for total jihad against Israel, it maintained the call to ” struggle army ”, and to ” the war of liberation ” (G.-E. Sarfati, The PLO charter pending repeal, Mots / Les langages du politique, n ° 50, 1997)
The salaries that Mahmoud Abbas continues to pay to the murderers of the Jews by calling them „martyrs”, the Palestinian textbooks that educate against hatred of the Jews, the daily television broadcasts directed at Palestinian children educated to become „martyrs”, the training camps for young people, run by Fatah members, and by Hamas are not really signs of a desire for a peaceful divorce.
Judea Juderein?
The second point which seems not to be noticed by Zionist universalists – and peacekeepers at any cost – are the conditions for the establishment of these two states. Palestine is conceived of as a state which will take over Judea and Samaria at the cost of the departure of the Jews from these lands. The Palestinian state acclaimed by the pacifists must be Jüdenrein, and Jerusalem will be its capital. Mahmoud Abbas, by denying all legitimacy to the State of Israel, accusing him of „ethnic cleansing”, speaks of Jerusalem, the eternal capital of Palestine alone (see here); he explains that in the new Palestinian state, there will not be a single Jew. These are the very words of his statement in Cairo in July 2013: “In a final resolution, we would not see the presence of a single Israeli – civilian or soldier – on our lands.” (http://www.foxnews.com/opinion/2016/09/14/all-jews-out-palestine-is-not-peace-plan.html) (In the final resolution, we would not see any Israeli presence in our lands).
Hamas, for its part, has no intention of changing its anti-Semitic and anti-Zionist charter, nor its strategy of fighting to exterminate the Jews. Journalists in al Jazeera seem to be better informed or more honest about this than French journalists inspired by AFP dispatches. (See here). As for the left tirelessly inspired by Amos Oz, it claims to ignore these discourses or does not understand the relationship between their senses and what they are actually referring to. Some leftist Jews claim that these are self-explanatory statements, that they do not relate to the world, and that they should not be taken seriously.
When Fathi Hamad, the leader of Hamas calls his flock to „kill the Jews” everywhere (see here), he knows that these murders will go unpunished: in Europe, it will be enough to smoke cannabis, to be disempowered and in Israel , it will encourage people of Shalom Ahshav to make more sacrifices to obtain peace. The more the terror increases, the more the concessions to stop it multiply: This is what we have seen since Oslo. The craziest thing is that the Jews on the left maintain and endorse this scenario.
When Jews support the idea of ethnic purification
It follows that the pacifist Jews (of Shalom Ahshav, JCall and JStreet) support the idea of the ethnic cleansing of Judea and Samaria, that they support the idea of the expulsion of their lands from their Jewish inhabitants, and the creation of a space from which they will be the only ones excluded. Basically, they advocate the self-excommunication of the choir of nations. They basically replay, by these kinds of proposals, the old Christian anti-Jewish ideology which today still combines with some with the Islamist ideology.
After all, in the name of peace, and their guilt (for example, the condemnation of Israel’s always „disproportionate” responses), they are ready to go to the slaughterhouse to sacrifice themselves, to purify their unhappy identity and to sacrifice those among the Jews who asked for nothing like that. It would be funny if it weren’t tragic to see those whose intellectuals are so eager to „divorce” come to Jewish homes to kill them. To recall the most famous murders: the Fogiel family in 2011, the family of „settlers”, as all the French media announced without exception (we have a comprehensive media corpus), even „the baby colonist” was not spared neither by the killers nor by the media, Hallel Ariel, a 13-year-old girl killed in her sleep, Dafna Meir was killed while protecting her children, etc.
The sums paid to the killer families by Mahmoud Abbas can only encourage people to help their families while passing by as a „martyr” (see here and here). Terrorists who remain alive after their acts and who go to prison continue to receive wages. One billion shekels (250 million euros) is the annual amount that the Palestinian Authority pays terrorists. The murder of the Jews is a well-regulated business for the Palestinian Authority.
Because this trade is part of the self-determination of this future Jüdenrein state of which the pacifists dream: the extermination of the Jews. If the logic of concessions were pushed to the end, the Jews would have to start from Tel Aviv and Jaffa, which are cities also claimed by Arab-Palestinians. See for example this children’s program on Palestinian television (here).
All of this discussion shows that the ideology behind „the two-state solution”, at the cost of all concessions, is both suicidal and genocidal.
Yana Grinshpun
Linguist and discourse analyst, Yana Grinshpun is interested in argumentative strategies at work in activist discourses and victimization discourses based on the implementation of doxa. She is a member of the RRA, the French research network on anti-Semitism and racism.
Traducere google:
Mulți detractori ai politicii israeliene (oricare ar fi aceea: cea a lui Barak nu mai puțin decât cea a Netanyahu), stângiști, sioniști „plural și roditori” ne învinovățesc de „indigenismul evreiesc”, suprasolicitare, maniheism argumentativ, dreapta, identitarism, rasism, fascism, „musulofobie”.
Ca și cum să fii pro-Israel înseamnă neapărat să fii toate astea. Este clar că majoritatea acestor reacții provin de la oameni care și-au pus evreitatea în față pentru a-și proclama dezacordul cu analizele noastre.
Oponenții noștri ne critică că nu suntem obiectivi și că nu cităm lucrările oamenilor care „critică politicile guvernului Israelului”. Este curios că cititorii și criticii noștri nu înțeleg că analizăm discursurile antisemite și sursele lor culturale, religioase, politice și retorice, dar că nu pretindem că facem politică. În redactarea acestei postări de reacție la o avalanșă de dezaprobări, anateme, dezacorduri și lecții morale, mi-am amintit de prefața pe care Jacques Givet i-a dat-o cărții sale scrise în 1968 The Left Against Israel?
Redactorul șef anunțase că eseul său nu putea fi publicat decât ca o contrapartidă la un alt eseu pro-arab. Givet a răspuns atunci, că a fi pro-israelian nu înseamnă a fi anti-arab, că stânga și-a trădat rațiunea de a fi și că antisemitismul și antisionismul de stânga reflectau un „neo antisemitismul ”, care, de cele mai multe ori decât să nu fie inconștient, s-a acoperit întotdeauna cu masca conștiinței bune.
„Scrisoarea deschisă către președintele Republicii” – semnată de mine împreună cu colegii mei: Roland Assaraf și Georges-Elia Sarfati – a provocat irigația unor membri ai comunității universitare care și-au exprimat „dezacordul total” [1] cu analiza, în mod cert, schematică a discursurilor anti-evreiești, dar acest lucru este inerent genului scrisorii deschise. Este curios să vedem că de fiecare dată când analizăm discursurile politice și media franceze care duc la germeni sau în mod deschis intenția de delegitimizare a Israelului, de fiecare dată când denunțăm autorii acestor discursuri, pe care, de altfel, le adoptă tonul donatorilor de lecții – cum ar fi preoții care se adresează turmei lor lipsite de respect pentru bunul discurs – acești intelectuali ne acuză că aparținem „dreptului israelian dur”, că facem parte din „farmacia Likudului”. Deși nu am vorbit o dată despre politica israeliană sau despre prim-ministrul B. Netanyahu.
Am vorbit despre cuvinte, despre manipularea lor, despre demantizarea lor în discursul mass-media francez, am analizat dispozitivul discursiv în lucru în texte și interviuri, forumuri și petiții, în programele de televiziune și radio, am acordat o atenție deosebită discursurilor ucigașilor evreilor și i-am comparat cu discursurile mass-media franceză. Este uimitor faptul că atât de mulți oameni educați iau cuvinte pentru lucruri și se prefac că ignoră sfera limbii în lucru în construcția ideologiei, în ciuda marii lor culturi filozofice și literare.
Contestând vocabularul instituit de decenii de dominare a aparatului anti-Israel care a reușit să țese o viziune falsă a evreilor și a Israelului, acest lucru provoacă furie. Este destul de amuzant să ne învinovățim că nu ne-am asumat la limbajul doxical al AFP: „dreptul internațional”, „coloniști”, „ocupație”, „opresiune”. Arătăm că aceste cuvinte sunt folosite pentru a legitima uciderea evreilor. Deoarece au un sens precis în textele analizate, nu se referă la „politica israeliană”, ci la prezența evreilor, desemnată ilegală în Ierusalim și Iudeea. Dacă evreii sunt uciși în Franța și în Israel, se datorează faptului că sunt evrei, iar evreii nu au nimic de făcut, unde se află.
Este ceea ce spun M. Merah, A. Coulibali și frații Kouachi (teroriști francezi), iar acest lucru se repetă în discursul mediatic european. Iar cei indignați de observarea influenței acestor cuvinte asupra comportamentului ucigaș, nu fac altceva decât să valideze aceste discursuri.
Printre alte indignări universaliste, care sunt exprimate în textele semnate de „intelectualii evrei” și pe care le analizăm, „critica statului Israel” constă în postularea că identitatea evreiască este „periculoasă pentru democrație “. Acesta este un sociolog „cosmopolit”, dar de origine evreiască, care se pune pe scenă atunci când i se potrivește, a spus Alain Policar.
De asemenea, o platformă care își exprimă dezacordul cu legea adoptată recent în Israel cu privire la autodeterminarea poporului evreu, explică cititorilor Libé că principiul majorității evreiești este pernicios pentru păstrarea caracterului democratic al statului din Israel (vezi aici). Încheiem cu aporii unele dintre care nu sunt conștiente. Dar puțin despre ele, principalul lucru este să afișăm un etos virtuos, moral, universalist, anti-comunitar și, prin urmare, anti-evreiesc.
Desigur, în conformitate cu această logică, atunci când cineva se prezintă ca universalist, nu se poate aproba caracterul particular al unui stat. Ciudat, este singurul stat din lume, al cărui caracter particular nu este aprobat și care este acuzat de construire a identității. Când vine vorba de analizarea celorlalte state care se răspândesc pe suprafața Pământului, universalismul acestor detractori este complet disipat. Nimeni nu critică Rusia că a fost rusă sau Turcia pentru că a fost turc sau Armenia pentru că a fost armean. Dar ideea și faptul că Israel are un caracter evreiesc și că acest stat își apără caracterul evreiesc, care constituie un atac asupra democrației, este comunitarism pur, inutil să spun!
Paradoxul este pentru indignat să-și expună evreitatea pentru a se disocia mai bine de ea. Eu sunt evreu, dar asta înseamnă că critic caracterul evreiesc al statului Israel. Sunt evreu, dar puțin, în particular, să le spun prietenilor evrei glume. Eu sunt un evreu universalist și umanist și din acest motiv critic „politica guvernului Israelului” (expresia devenită înghețată, întrucât este hărțuită și îmblânzită în club) și, mai presus de toate, sunt un evreu care să scrie mai bine pe alții. Evreii care nu critică această politică așa cum ar trebui să fie în cercurile universaliste, umaniste și pacifiste.
Uite, eu sunt ca tine, critic „politica lui Israel”, ader la teza „colonizării” (comună AFP și discursului oficial, discursul lui Hamas ca cel al unui mare numărul de țări arabe pentru care „colonia” este întregul teritoriu al statului Israel, fără excepție). Universalismul preocupat de toate popoarele de pe Pământ, cu excepția evreilor? Universalism care recunoaște naționalismul palestinian, rus, turc, iranian, egiptean, dar care îl respinge pe cel al evreilor? Practic, atunci când evreii care critică „politica lui Israel” – un motiv obsesional autentic – spun astăzi că sunt „universaliști”, ce înseamnă? Nu sunt evrei pentru că fac parte din umanitate fără alte precizări. Și prin aceasta, ei contribuie doar la hrănirea stereotipurilor anti-evreiești: trădare, lașitate, dublă fidelitate etc.
Evreii și-au învins dușmanii în războaie succesive, dar a învinge inamicii înseamnă a face rău, înseamnă a face pe inamicul să sufere! Danièle Sibony a analizat fin acest fenomen în Enigma ei antisemită. A avea dușmani este suspect, dovedește că i-am rănit, i-am făcut să sufere, altfel de ce ar fi dușmani? În lumea fără margini, există doar iubire universală pentru aproapele, iar dacă acest vecin nu te iubește, prea rău pentru el! Logica paulină este încă în lucru în postura morală a acestor oameni. Când Alain Policar apără cosmopolitismul și îl face un obiectiv social (vezi: Cum putem fi cosmopolit?), El se plasează în această logică.
Orice diferență este percepută drept „comunitarism și identitarism” fără a vedea că religia universalismului cosmopolit nu este altceva decât un alt tip de identitate. Identitatea plutitoare, plictisitoare, „fluidă”, așa cum se obișnuiește să se spună printre post-moderniști-progresiști. Iar ceea ce caracterizează această poziție este intoleranța la orice altă identitate decât a lor. Evident, evreii reprezintă o rezistență la acest ideal. Orice evreu este bănuit că se opune idealului prin faptul că este evreu. Acești evrei cosmopolit, universalist, republican, care se văd în locul acordat lor de Stanislas de Clermont-Tonnerre („Trebuie să refuzăm totul evreilor ca națiune și să acordăm totul ca indivizi”) sunt exasperați de existența celor dintre evrei care pune la îndoială ideea de „universal” fără a pleda vreo identitate particulară.
Și de ce trebuie să-i urmeze pe toți? De ce trebuie să adoptăm posturile morale ale unor devotați falși, precum cea a lui Edgar Morin, sau a clonelor sale la scară mai mică, dar a căror postură nu este mai puțin absurdă sau abjectă când ne gândim la implicațiile practice ale ideologia lor. Sloganurile lor simpliste sunt alimentate de propaganda islamist-de stânga și se bazează pe ignoranța realității și credința în idealuri: „Evreii care au fost victime ale ordinii nemiloase își impun ordinea nemiloasă palestinienilor. Evreii victime ale inumanității manifestă o inumanitate teribilă. Evreii ispășitori pentru toate cuvintele ispășitor Arafat și Autoritatea palestiniană. „[2]
Nu este de mirare, până la urmă, Morin fiind un evreu care nu este evreu, ci „un mic evreu” de Leila Shahid, pe care se mândrește el (vezi P. A. Taguieff (2018: 73))
„În cartea sa de interviuri cu Tariq Ramadan, At the Peril of Ideas, publicată în 2015, Edgar Morin spune că s-a legat cu Leïla Shahid, fostul delegat al Autorității Palestiniene în Franța, care obișnuia să să spun despre el însuși, Stéphane Hessel și alte câteva personalități evreiești care demonstrau pentru Palestina: „Am pus pe micii mei evrei în fruntea procesiunii” (Leïla Shahid, citată de Edgar Morin, în Edgar Morin și Tariq Ramadan , Peril de idei: marile întrebări ale timpului nostru, interviuri cu Claude-Henry du Bord, Paris, Presses du Châtelet, 2014, p. 185.)
Nu toată lumea merge până la masochism pentru a se bucura de umilința publică, așa cum o face Morin, inutil să spun. Dar totuși, care este substanța, în acest fenomen de jenă tipic evreiască, în aceste declarații pripite în piața publică: nu suntem ca tine (când nu am cerut nimic cineva făcând analizele noastre)? De ce sunt atât de jenate, atât de enervate, atât de îngrijorate, atât de aplecate să își strige universalismul – sau, în funcție de circumstanțe: cosmopolitismul lor sau anti-rasismul lor, sau orice altceva pe toate rețelele, listele, asociațiile etc. . ?
De ce, atunci când arătăm izvoarele discursului generalizat anti-israelian, ne impun cu nativi, comunitari sau sectari de extremă dreaptă. Și dacă un non-evreu ar apăra Israelul, ar fi și el comunitar? Pierre-André Taguieff nu-i așa? Guy Millière? Menahem Macina? Într-adevăr? Și ce să faci cu acești goiimi care apără Israelul? Vor fi și trimiși de la dispensarul Likud? Când vrei să îți îneci câinele, spui că au rabie. Și când vrei să îți înece conformismul, spui că celălalt este fascist. Intelectualii evrei de stânga încearcă să ofere o legătură către stânga socialistă adoptând discursul antiisraelian, frazeologia lui care explică lumea. Cuvintele pe care le preiau singure: „colonii”, „ocupație”, „discriminări”, sunt, de asemenea, cuvintele care le condiționează gândirea, aceste cuvinte vin sub puternicul sens al revizionismului istoric.
Este ca și cum ar fi indicat dublul discurs politic și mass-media care, pe de o parte, condamnă antisemitismul, iar pe de altă parte deschide larg ușile către pogromurile viitoare, unul i-a privat pe acești evrei de identitatea lor de „cetățeni” republicani. Ei recunosc, desigur, că evreii sunt ținta antisemitismului, ei spun că luptă împotriva antisemitismului, dar când vine vorba de apărarea dreptului lui Israel de a se apăra sau de dreptul său de a denunța standardul dublu adoptat în opinia sa, dreptul său de a arăta că în spatele declarațiilor de prietenie se ascunde cel mai absolut cinism, ei nu mai sunt evrei, ci „cetățeni” înțelegerea acestei politici.
Se luptă cu mișcările decoloniale, cu PIR, pentru că le este frică – o teamă absolut legitimă și pe care o împărtășim – că aceste mișcări folosesc „anticolonial” înseamnă: atacuri de sinucidere, mașini cu ram, macelarii din piața publică (ne amintim doar de cele care s-au întâmplat deja în Franța și de cele care se întâmplă în Israel în fiecare zi). Pentru că pentru „decoloniali”, cetățenii francezi sau europeni sunt „colonizatori”. Așadar, acești evrei sunt primii care combat aceste ideologii periculoase.
Pe de altă parte, când vine vorba de Israel, poziția lor este destul de diferită, ei condamnă răspunsurile statului ebraic (întotdeauna calificate drept „disproporționate”, potrivit terminologiei vechi), condamnă „colonizarea”, „ ocupație ”și se fac văzuți de toți oamenii„ buni ”:„ anti-rasiști ”,„ umaniști ”,„ paciști ”etc.
„Problema nu este antisemitism”
Când vine vorba de discursuri despre Israel, comuniunea condamnărilor formează un frumos unison. Argumentul de bază este acesta: problema nu este antisemitismul inerent cauzei palestiniene. (Uciderea evreilor din Franța pentru a se răzbuna pe „frații palestinieni”, după cum au explicat Merah și Coulibali, sunt doar detaliile, care nu au nicio legătură cu adevărata problemă).
Ideologia lui Haj Amin al Husseini încă în viață, negaționismul lui Abbas și ura aprigă a Hamasului: toate acestea nu sunt o problemă reală. Problema, potrivit evreilor „cetățeni” universaliști, care rostesc aceleași cuvinte ca și dușmanii înjurați ai Israelului, este că „evreii au venit să ocupe pământul care nu este al lor”. Nu se întâmplă. Nu este bine. Este împotriva legii. Problema, susțin ei, nu este că au fost evreii care au invadat Palestina, ci că oricine altcineva la locul lor (Lapps, Malagați sau Eskimoși) nu va găsi favoarea în ochii palestinienilor invadați.
Prin urmare, evreii sunt „percepți” de arabi ca ocupanți din motive antropologice de înțeles. Acest argument ignoră istoria Iudeei, numită Palestina de pe vremea lui Hadrian, istoria mișcării sioniste și a relațiilor sale financiare cu Imperiul Otoman, ignoră faptul că sionismul nu are nimic cucerite cu forța, dar progresate în legalitate (printr-o politică de răscumpărare a terenurilor din care le-au jefuit diferitele imperii), ei pretind să ignore ce circumstanțe istorice au prezidat înființarea noului Yishouv:
„Numele Iudeea de secole și-a păstrat sensul numai pentru singurii evrei, excluse din istorie. Istoria acestei excluderi se contopește cu cea a înlocuirilor teologice, dar și cu transmiterea, care a devenit mecanică a terminologiei învățate, odată ce Iudeea … șterse harta, de Imperiul Roman și, după aceasta, de toate imperii care au preluat solul, oamenii și simbolurile sale. Schimbarea toponimului a fost prima înlocuire. Au urmat alții: Țara Sfântă, Dar al Islam, Regatul Ierusalimului, regate cruciate, regiunea Siriei Mari, Palestina obligatorie. Palestina este un palimpsest, textura sa originală se găsește sub toate aceste acoperiri, sub care se găsește numele de Iudeea. „(G.-E. Sarfati, G.E. 2020)
Evreii universaliste / sioniști de stânga ignoră sau neagă istoria, la fel ca și dușmanii lui Israel, care, pentru a obține acceptarea proiectului lor genocid, neagă orice legătură istorică între evrei și Țara din Israel și faceți „ca și cum”, această poveste nu a existat. Povestea începe pentru ei, ca și pentru detractorii Israelului, după 1967. Această atitudine justifică, poate inconștient, negaționismul de stânga. Există o legătură între acest negaționism acolo și așa-numitul universalism. O glumă evreiască ilustrează foarte bine această tendință:
La ONU, arabii și evreii se plâng la Consiliu pentru probleme de securitate. Un evreu spune că regele Solomon a mers să înoate într-o zi și că, atunci când a ieșit din apă, nu și-a găsit hainele, probabil că au fost furate de arabi. Un arab răspunde: este fals, nu am existat încă la acel moment. Evreul a răspuns: „Acesta este un început bun” … ”
Argumentul evreilor care nu sunt acasă în Iudeea este de acord cu teologia creștină, care a interzis țara evreilor explicând că aceștia au fost blestemați și expulzați din țara lor, ca semn al pedepsei divine. Cititorul se poate referi în acest sens la studiul clasic realizat de Jules Isaac: Învățarea disprețului. Acest discurs, reciclat de universalismul republican post-național, a condiționat mințile oamenilor până în punctul în care nu mai realizează linia sa ideologică.
Și din moment ce detractorii noștri doresc absolut să vorbească despre politică, să vorbim despre asta.
Unii ne explică că sionismul lor este cel al lui Amos Oz, „roditor și pluralist”. Ele sunt pentru „soluția cu două state”. Vezi Amos: Oz Ajută-ne să divorțăm! Israel Palestina, două state acum. Având în vedere tot ceea ce știm despre evenimente pe teren, pe discursurile liderilor palestinieni, adresate arabilor și Europei, indiferent de fracția din care fac parte (fie că este Mahmoud Abbas, Hamas , Fatah, Jihadul islamic), despre dezastrul acordurilor de la Oslo, despre eșecul lui Camp David, pe Intifada succesivă și pe rolul discursurilor europene, precum și pe banii europeni distribuiți ONG-urilor antiisraeliene, vrem să le reamintim câteva fapte acestor adepți de discursuri liniștitoare:
Divorț
Într-un divorț, ambele părți au aceleași drepturi și aceleași îndatoriri, fiecare parte este recunoscută de cealaltă parte. Iar părțile divorțate stau departe unul de celălalt. Una dintre aceste state nu trebuie să fie obsedată de anihilarea celuilalt, de distrugerea acestuia și de expulzarea cetățenilor săi. Foarte oficial, scopul autonomiei palestiniene, al Fatah, al Hamasului este eliberarea „Palestinei de toată prezența evreiască”. De la Oslo, această politică a fost foarte consistentă.
Acesta nu este un stat pe care liderii arabi îl doresc alături de Statul Israel, ci este un stat arab suplimentar ÎN LOCUL Israelului. Spre deosebire de informațiile false, care au trecut pentru adevărul istoric pentru un sfert de secol, Carta OEP(Qrg. Pt. Eliberarea Palestinei) nu a abolit toate articolele care au cerut jihadul total împotriva Israelului, ci a menținut apelul la „lupta” armată ” și către ” războiul de eliberare ” (G.-E. Sarfati, Carta PLO în curs de abrogare, Mots / Les langages du politique, nr. 50, 1997)
Salariile pe care Mahmoud Abbas continuă să le plătească ucigașilor evreilor, numindu-i „martiri”, manualele palestiniene care educă să urască evreii, emisiile zilnice de televiziune îndreptate către copiii palestinieni educați să devină „martiri”, taberele de pregătire pentru tineri, conduse de membrii Fatah și de Hamas nu sunt cu adevărat semne ale dorinței unui divorț pașnic.
Judea Juderein?
Al doilea punct care pare să nu fie observat de universalistii sioniști – și de păstrătorii păcii cu orice preț – sunt condițiile pentru înființarea acestor două state. Palestina este concepută ca un stat care va prelua Iudeea și Samaria cu prețul plecării evreilor din aceste țări. Statul palestinian aclamat de pacifisti trebuie sa fie Jüdenrein, iar Ierusalimul va fi capitala sa. Mahmoud Abbas, negând toată legitimitatea Statului Israel, acuzându-l de „curățare etnică”, vorbește despre Ierusalim, capitala eternă a Palestinei (vezi aici); el explică că în noul stat palestinian nu va exista un singur evreu. Acestea sunt chiar cuvintele declarației sale din Cairo din iulie 2013: „În rezoluția finală, nu vom vedea prezența unui singur israelian – civil sau soldat – pe pământurile noastre.” (http://www.foxnews.com/opinion/2016/09/14/all-jews-out-palestine-is-not-peace-plan.html) (În rezoluția finală, nu vom vedea nicio prezență israeliană în pământurile noastre).
Din partea sa, Hamas nu are nicio intenție de a-și schimba statutul antisemit și anti-sionist și nici strategia de luptă pentru exterminarea evreilor. Jurnaliștii din al Jazeera par să fie mai bine informați sau mai onești în acest sens decât jurnaliștii francezi inspirați de expedierile AFP. (Vezi aici). În ceea ce privește stânga inspirată neobosit de Amos Oz, acesta susține că ignoră aceste discursuri sau nu înțelege relația dintre simțurile lor și la ce se referă de fapt. Unii evrei de stânga susțin că acestea sunt declarații de autoexplicare, că nu au legătură cu lumea și că nu ar trebui luate în serios.
Când Fathi Hamad, liderul Hamasului își cheamă turma să „ucidă evreii” peste tot (vezi aici), știe că aceste crime vor rămâne nepedepsite: în Europa, va fi suficient să fumăm canabis, să fie desconsiderate și în Israel , acest lucru va încuraja oamenii din Shalom Ahshav să facă mai multe sacrificii pentru a obține pacea. Cu cât teroarea crește, cu atât concesiunile pentru oprirea acesteia se înmulțesc: asta am văzut de la Oslo. Cel mai nebunesc este că evreii din stânga mențin și susțin acest scenariu.
Când evreii susțin ideea curățirii etnice
Rezultă că evreii pacifisti (din Shalom Ahshav, JCall și JStreet) susțin ideea curățării etnice a Iudeii și Samariei, că susțin ideea expulzării pământurilor lor din Locuitori evrei și crearea unui spațiu din care vor fi singurii excluși. Practic, aceștia pledează pentru excomunicarea corului națiunilor. Practic, acestea redau, prin aceste tipuri de propuneri, vechea ideologie creștină anti-evreiască care astăzi încă se îmbină cu unii cu ideologia islamistă.
La urma urmei, în numele păcii și al vinovăției lor (de exemplu, condamnarea răspunsurilor întotdeauna „disproporționate” ale lui Israel), sunt gata să meargă la abator pentru a se jertfa, pentru a-și purifica identitatea nefericită și să-i jertfească pe cei dintre evreii care nu au cerut așa ceva. Ar fi amuzant dacă nu ar fi tragic să-i vedem pe cei ai căror intelectuali sunt atât de dornici de „divorț” să vină în casele evreilor pentru a-i ucide. Pentru a reaminti cele mai cunoscute crime: familia Fogiel din 2011, familia „coloniștilor”, așa cum au anunțat fără excepție toate mass-media franceză (avem un corpus media cuprinzător), chiar și „coloniul pentru copii” nu a fost salvat nici de ucigași, nici de mass-media, Hallel Ariel, o fată de 13 ani ucisă în somn, Dafna Meir a fost ucisă în timp ce își proteja copiii, etc.
Sumele plătite familiilor ucigașe de către Mahmoud Abbas nu pot decât să încurajeze oamenii să-și ajute familiile în timp ce trec prin „martir” (vezi aici și aici). Teroriștii care rămân în viață după faptele lor și care merg la închisoare continuă să primească salarii. Un miliard de sicli (250 de milioane de euro) este suma anuală pe care Autoritatea Palestiniană o plătește teroriștilor. Uciderea evreilor este o afacere bine reglementată pentru autoritatea palestiniană.
Pentru că acest comerț face parte din autodeterminarea acestei viitoare stări de Jüdenrein la care visează paciștii: exterminarea evreilor. Dacă logica concesiunilor ar fi împinsă până la sfârșit, evreii ar trebui să plece din Tel Aviv și Jaffa, care sunt orașe revendicate și de arabo-palestinieni. Vezi de exemplu acest program pentru copii la televiziunea palestiniană (aici).
Toate aceste discuții arată că ideologia din spatele „soluției cu două state”, cu prețul tuturor concesiunilor, este atât suicidală, cât și genocidală.
Yana Grinshpun
Analist lingvist și discurs, Yana Grinshpun este interesat de strategiile argumentative la locul de muncă în discursurile activiștilor și discursurile de victimizare bazate pe implementarea doxa. Este membru al RRA, rețeaua franceză de cercetare privind antisemitismul și rasismul.