Production expérimentale de savon humain dans l’Allemagne nazie
atrocité Nazi
allégée
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Négationnisme
Savon
Spanner
Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs scientifiques allemands du Troisième Reich auraient tenté une production expérimentale de savon humain. Cette production, qui aurait été très limitée, n’a été attestée que dans le cas de Rudolf Spanner, devant une commission d’enquête polonaise. Les conclusions de cette commission, qui chargeaient Spanner, ont été contredites plus tard par la justice allemande. Au début du XXIe siècle, ce thème reste un sujet délicat : les négationnistes de la Shoah prétendent que les historiens seraient revenus sur une opinion qui aurait été la leur, à savoir que du savon aurait été fabriqué industriellement à partir des cadavres de Juifs assassinés. Il se trouve toutefois que les historiens, au contraire de Simon Wiesenthal, n’ont jamais adhéré à une telle thèse de fabrication industrielle de savon humain et s’en sont tenus tout au plus à une expérimentation très limitée.
Histoire
Rumeurs pendant la Première Guerre mondiale
L’affirmation selon laquelle les Allemands utilisaient la graisse de cadavres humains pour fabriquer des produits avait déjà été avancée par les Anglais pendant la Première Guerre mondiale. The Times écrira en avril 1917 que les Allemands faisaient bouillir les corps de leurs soldats morts pour en faire du savon et d’autres produits. En 1925, le ministre d’affaires étrangères britannique, Austen Chamberlain, admit cependant que l’histoire de « l’usine à cadavres » était entièrement imaginaire.
Savon en graisse de Juifs
La même assertion resurgit très vite durant la Seconde Guerre mondiale[réf. souhaitée], trop tôt pour que les allégations soient fondées. Toutefois, des plaisanteries, menaces, rumeurs et insultes de l’époque montrent que beaucoup de monde les pensait vraies. La principale source de ces rumeurs était la croyance que les lettres RIF, imprimées sur chaque brique de savon en Allemagne, étaient un sigle signifiant Reines Jüdisches Fett (« Pure graisse juive ») ; ces initiales correspondaient en fait à Reichsstelle für industrielle Fettversorgung (« Centre national pour l’approvisionnement industriel en graisse »).
En septembre 1942, l’influent rabbin Wise publia un rapport qui cautionnait l’allégation du savon fait à l’aide de cadavres de Juifs. Ayant eu connaissance de ce rapport, Heinrich Himmler écrivit le 20 novembre 1942 au chef de la Gestapo Heinrich Müller : « Vous devez me garantir que, partout, les corps de ces Juifs décédés sont brûlés ou enterrés, et que nulle part, il ne peut être procédé autrement avec les cadavres. »
Le 26 novembre 1942, lors d’un entretien public, le rabbin Wise réitéra l’allégation du savon fait à l’aide de cadavres de Juifs. À quelqu’un qui lui rappelait qu’une accusation semblable avait déjà été portée contre les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, il répondit qu’il avait reçu du Département d’État des documents selon lesquels l’allégation avait été dûment contrôlée et confirmée.
Selon Gilles Karmasyn, au cours du procès de Nuremberg, le Tribunal militaire international reçut un seul témoignage émanant d’un ancien prisonnier de guerre britannique et basé essentiellement sur des rumeurs faisant état de fabrication de savon à partir de graisse humaine. Dans son jugement, le tribunal se borne à évoquer les tentatives effectuées à Dantzig.
Tombe d’un cimetière d’Afula (Israël) contenant du savon censément fabriqué par les nazis à partir de cadavres humains.
Depuis les années 1980, les historiens de la Shoah considèrent le « mythe du savon juif » comme une des légendes noires de la Seconde Guerre mondiale, et non comme un reflet de la réalité d’une production de masse d’un tel savon en Allemagne à l’époque. Ce point de vue est soutenu par plusieurs historiens juifs, comme Walter Laqueur, Gitta Sereny, et Deborah Lipstadt, ainsi que le professeur Yehuda Bauer de l’Université hébraïque de Jérusalem et Samuel Krakowski, directeur des archives de Yad Vashem,,. Il reste cependant, principalement en Israël, plusieurs mémoriaux et cimetières avec du savon présenté comme étant fait à partir de graisse humaine.
Cas du professeur Spanner, de l’Institut d’Anatomie à Dantzig
À un stade plus avancé de la guerre, quand des cadavres humains furent effectivement exploités pour en tirer des matières premières (les cheveux comme feutrine ou matériau d’isolation, par exemple), certains scientifiques allemands auraient fait des expériences sur la production de savon à partir de graisse humaine. En 1943-1944, Rudolf Spanner, professeur à l’Institut d’Anatomie de Dantzig, aurait produit entre dix et cent kilogrammes de savon fait avec des cadavres provenant de l’hôpital psychiatrique de Konradstein, d’une prison de Königsberg, et du camp de concentration du Stutthof. Peu après la guerre, le 11 mai 1945, un témoin interrogé par une commission polonaise dit qu’on fit construire durant l’été 1943 un bâtiment spécial destiné au traitement des cadavres pour faire cuire les os. Selon lui, il existait un laboratoire pour fabriquer des squelettes humains et incinérer la chair et les os inutiles. Il déclara aussi que pendant l’hiver 1943-1944, Spanner donna l’ordre de conserver la graisse humaine et, en février 1944, lui communiqua la recette pour préparer du savon à partir de graisse humaine. La cuisson industrielle aurait demandé de 3 à 7 jours. Le témoin aurait participé à deux séances de cuisson qui auraient produit plus de 25 kg de savon à partir de 70 à 80 kg de graisse humaine provenant de 40 cadavres environ. Spanner aurait supervisé le tout et se serait tenu en liaison avec la direction des prisons et des camps de concentration pour les livraisons des cadavres à l’institut. Il aurait aussi ordonné de conserver la peau humaine, qu’il traitait avec des substances chimiques pour la dégraisser.
En 1947 et 1948, Spanner, interrogé par la justice allemande, déclara que ce savon n’avait été utilisé que pour faire des injections aux ligaments des articulations dans les préparations anatomiques. La justice allemande conclut qu’aucun fait punissable ne pouvait être mis à charge de Spanner et qu’il n’y avait pas lieu à poursuites.
Même si on en croit les témoins qui accusèrent Spanner, il ne s’agit que d’une production expérimentale et limitée. Il n’y a aucune preuve pour étayer la théorie d’une production industrielle de savon fait de graisse humaine, juive ou non, par le Troisième Reich.
Selon une étude de Joachim Neander, il n’y eut même pas une production expérimentale de savon en graisse humaine à l’Institut d’Anatomie de Dantzig. La graisse humaine ne diffère guère de la graisse animale à l’aide de laquelle les chimistes allemands fabriquaient du savon et ils n’avaient pas besoin d’un profane tel qu’un professeur d’anatomie pour faire des expériences en la matière. Ce qui est certain, c’est qu’une graisse saponacée apparaît toujours comme sous-produit dans la fabrication des préparations anatomiques; ce qui est possible, c’est que cette graisse saponacée ait servi non seulement à l’usage reconnu par Spanner (injections aux ligaments des articulations), mais aussi au nettoyage des tables et du sol, que Spanner n’aurait pas avoué parce qu’il constituait le délit (mineur) de non-respect aux morts.
Camp de Jasenovac
En Croatie, dans une partie de l’ex-Yougoslavie occupée par l’Axe, dans le grand camp de concentration de Jasenovac, réputé pour sa cruauté, une petite usine de conversion de restes humains (serbes, juifs, tziganes) en savon a été créée par des membres du groupe oustachi. Des parties de la « fabrique de savon humain » sont découvertes lors de fouilles menées en 1961 et de recherches anthropologiques sur les fosses communes de Donja Gradina. Outre les fours, un décanteur, un réservoir à haute pression et un séparateur existent toujours et sont visibles dans la zone commémorative de Donja Gradina, aujourd’hui en Bosnie-Herzégovine,,.
Dirlewanger à Lublin
En 1942, le juge SS Konrad Morgen, qui enquêtait à Lublin sur l’unité Dirlewanger à propos d’accusations d’atrocités et de corruption, nota des rumeurs accusant Oskar Dirlewanger d’avoir, avec des membres d’unités de support de la Wehrmacht, injecté de la strychnine à des Juives détenues illégalement et ayant été déshabillées, regardé leur agonie et, à leur mort, découpé leurs cadavres en morceaux, mélangé à des morceaux de cheval avant de les bouillir et d’en faire du savon. Morgen écrivit n’avoir que des soupçons sur cette affaire,.
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